Rouged Lips - Partie 2

 Re-salut!

Heureusement, j'ai fini cette nouvelle Rouged Lips dans les temps. Je vous laisse lire le dénouement dans trop de spoil. :p

Considérant mon prochain projet, ce sera aussi un oneshot et je vous laisserais choisir lequel dans les commentaire ou dans un prochain sondage:

1) By The River of Forgetfulness for Seven Lifetimes

2) How Hurtful of the Maple Leaves

3) Lament at Changmen Palace

4) Three Lifetimes of Trials; A Wind Chime Brings Tears

5) Mum, I Used to Hate You

Rouged Lips - Partie 2

T/N: Rouged Lips - 點絳脣 diǎn jiàng chún: C'est une référence au poème "Une touche de rouge aux lèvres" de Li Qingzhao, qui décrivait l'état d'une jeune fille éprise d'un homme.

 

¤ ¤ ¤

Trois ans plus tard

 

Elle aimait porter des couleurs douces comme le bleu clair et le rose fané. Ses tenues quotidiennes étaient toutes teintes de ces couleurs, et quand on la regardait de loin, on croirait voir un nuage dérivant dans le ciel. Le plus souvent, elle n'appliquerait pas de maquillage somptueux, mais seulement ses lèvres en rose. Ces lèvres ont été peintes de rouge par lui, pour elle.

 

Des sourcils comme des montagnes bleues, des yeux purs comme de l'eau de mer. Sa peau était brillamment pâle et ses cheveux longs et noirs. Une beauté simple mais élégante.

 

Seules ses lèvres étaient peintes de rouge.

 

Pourtant, les rumeurs ne chantaient plus les louanges de cet homme, suivant l'exemple de Zhang Chang. À la place, des murmures surgirent, spéculant sur la raison pour laquelle un couple marié depuis trois ans n'avait pas encore donné naissance à un enfant, insinuant l'absence de piété filiale et un manquement au troisième devoir [1].

 

Un matin, quand elle alla avec lui pour saluer ses parents, elle leur dit soudain,

 

"En tant que belle-fille, je n'ai pas fait preuve de piété filiale, je suis déjà mariée ici depuis trois ans mais je ne peux pas donner naissance à un enfant légitime pour cette maison. Ce n'est qu'en prenant une concubine pour mari que l'encens brûlant [2] sera maintenu."

 

Ses sourcils étaient bleus, ses yeux toujours si purs. Sa peau était encore très pâle et ses cheveux longs et noirs. Sa paire de lèvres roses comme une fleur de pêcher énonça calmement la question de prendre une concubine. Son humeur était comme n'importe quel autre jour.

 

La belle-mère regarda son propre mari et sembla attendre sa permission. Le beau-père hocha lentement la tête et ne lui permit pas de parler.

 

Elle comprenait, et lui aussi il le comprenait. Il n'était jamais d'eux dans ce mariage ; ce dernier n'était que dans le but de maintenir l'encens brûlant, maintenir la lignée. Si la femme principale ne pouvait pas alors c'est la maîtresse qui le ferait, si la maîtresse ne pouvait pas alors c'est la servante qui le ferait ; si une personne ne faisait pas l'affaire alors il en épouserait une autre. Si deux personnes n'étaient pas assez, autant en prendre une troisième ; tant qu'un fils était né pour le bien du clan. Dans le passé, dans chaque ménage, qui n’avait pas déjà épousé plusieurs femmes.

 

C'était son rôle à elle. C'était aussi son rôle à lui.

 

Ainsi, tout fut décidé, comme l'année où elle fut mariée.

 

Prendre concubine n'avait rien de remarquable ; seulement une paire supplémentaire de lanternes rouges sur le toit et deux mots de célébration collés sur les portes.

 

Elle lui arrangea doucement sa chemise, "Le carrosse de la mariée a presque atteint la porte!"

 

Il souleva légèrement son menton, ses mains portant un peu de peinture sur ses lèvres et contempla ses yeux. Contrairement à ce qu'il aurait pensé, les longs cils étaient fermés. Son regard ne quitta pas ce visage pâle, et les doigts peignaient doucement ses lèvres petit à petit. Il était méticuleux et doux comme toujours.

 

"Ne sois pas triste."

 

"Ce n’est rien, c’est juste quelque chose que je dois faire."

 

Les doigts descendirent et retrouvèrent ses mains pour les serrer.

 

Soudain, un cri vint de l'extérieur : "Le carrosse a passé la porte."

 

Après avoir accueilli une concubine au sein de leur demeure, les mois et les jours l'avaient emporté avec eux. De temps en temps, il passait à côté d'elle, et les deux ne parlaient que très peu fois en s'échangeant leurs nouvelles. La personne qui demandait était toujours celle qui demandait et la personne qui écoutait était toujours celle qui écoutait. Parfois, il regardait sa silhouette au bout du couloir, s'enfonçant dans plusieurs étages et escaliers, et à travers les pièces de l'enceinte, il continuait à la regarder.

 

Sourcils étaient toujours bleus et ses yeux si purs ; mais plus pâles qu'avant.

 

À quoi bon ? Lui et elle avaient déjà compris que c'était quelque chose d'inévitable, l'e décharnement ne ferait que blesser le cœur.

 

Au bout d'un an, la deuxième maîtresse donna naissance à une fille. Quand l'enfant eut un mois, il vint la voir.

 

Elle portait encore des vêtements légers et des cheveux longs, mais était plus pâle qu'avant.

 

Une autre année passa, il accueillit une autre maîtresse. Cette fois, personne ne la réconforta, lui disant de ne pas être triste. Elle, lui et les deux maîtresses savaient tous que c'était quelque chose d'inévitable.

 

Et donc l'année suivante, la nouvelle maîtresse donna naissance à un garçon. Lorsque l'enfant eut un mois complet, la maison organisa une fête et chaque domestique portait des fleurs rouges dans ses vêtements. Même lui-même avait ri et dit, qu'il y avait enfin quelqu'un pour porter la lignée du clan.

 

Cette année-là seulement, son apparence était encore plus hagarde qu'avant.

 

Mois après mois, année après année, carrosse de mariée après carrosse de mariée longeaient les portes de la ruelle. Le Nouvel An puis la Fête des Lanternes, Fête des Lanternes puis Festival des bateaux-dragons (Zhongxiao), Festival Zhongxiao puis Fête du double neuf, et Fête du double neuf puis Nouvel An. Sa silhouette chétive et pâle continuait à disparaître derrière la jungle des beautés des servantes et des maîtresses au point où il ne lui prêtait plus aucune attention. Peu à peu, une jupe pâle s'estompa parmi la foule de milliers de roses et de violettes.

 

¤ ¤ ¤

Lorsqu'il a dû voyager loin, elle tomba gravement malade. Les médicaments et autres traitements furent inefficaces et sa maladie s'aggrava. Recevant la lettre portant des nouvelles de chez lui, il revint précipitamment. Mais il ne fut pas dans les temps.

 

Il la vit couchée là sur le lit, les yeux fermés comme si elle dormait. Ses pommettes étaient pâles et fines, ses longs cheveux étaient en désordre, et il ne restait plus une seule trace de la femme qui était assise devant la commode cette année-là. Il n'y avait plus de très longs cils, et ces lèvres… Se remémorant ses lèvres, il semblait avoir réalisé une chose, il regarda à nouveau ses lèvres pâles et chercha à la hâte autour de lui pour trouver la peinture à lèvres de couleur rouge.

 

Le serviteur attentif lui dit doucement : "Cela fait longtemps que Madame n'a pas appliqué de rouge."

 

Plongeant frénétiquement vers la commode, il renversa chaque tiroir, et trouva finalement une vieille boîte de peinture. Il ouvrit maladroitement le couvercle, cette boîte de peinture était devenue inutile - la peinture à l'intérieur avait séchée depuis longtemps et ne tacha son doigt de rouge.

 

Cette année-là, il lui avait dit avec enthousiasme : "À partir de maintenant, tous les jours je peindrai vos lèvres de rouge pour vous."

 

La boîte de peinture entière glissa de sa main, dans sa lamentation. La peinture durcie dans la boîte se brisa peu à peu, se dispersant sous ses jambes, tel des débris du temps.

 

 

La poudre s'éparpilla ensuite partout sur le sol.

FIN

 

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[1] 不 娶 無 子 , 絕 祖先 祀 , 三 不孝 也 - A été tiré de la littérature/livre de Mencius (Meng Zi), un philosophe, et faisait partie des trois «devoirs» des enfants vis-à-vis de leurs parents. Le troisième implique que si le fils prenait une femme et n'avait pas de progéniture, alors ce fils ne ferait pas preuve de piété filiale envers ses parents et ses ancêtres. On peut dire que le fait d'avoir des descendants était d'une grande importance pendant les temps anciens.

 

[2] 香火 - L'encens brûlant devant des tombes ou un temple; une autre image fait allusion aux descendants qui rendent hommage au lieu de repos de leurs ancêtres.

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