Rouged Lips - Partie 1

Bonjour tout le monde!

Je suis enfin de retour avec un tout nouveau projet, intitulé Rouged Lips. Cette nouvelle est très courte, c'est en fait un oneshot. Mais je vais quand même le découper en deux parties, et cela pour deux raisons.

La première étant que la traduction de ce texte est trop lente, les métaphores (vous allez voire) sont assez originales. ^^'

La deuxième raison étant que je ne veux pas relire la deuxième partie pour le moment... Je vais vous laisser jouir de la sérénité de ce premier texte, et j'espère pouvoir sortir la deuxième partie demain. ;)

Rouged Lips - Partie 1

T/N: Rouged Lips - 點絳脣 diǎn jiàng chún: C'est une référence au poème "Une touche de rouge aux lèvres" de Li Qingzhao, qui décrivait l'état d'une jeune fille éprise d'un homme.

 

¤ ¤ ¤

District de Zhaoyang

 

Quand il eut dix-huit ans, il se maria.

 

Un fils d'une famille de générales épousa la fille d'un riche propriétaire ; formant un couple convenable [1]. Ce mariage fut décidé par les parents de ces deux familles, l'entremise fut scellée et le rôle des enfants était de suivre. Quand le jour propice arriva, les lanternes furent suspendues et les fleurs étalées, les feux d'artifice rouges furent lancés et le vin rose servi. Lorsque le fiacre arriva près de l'enceinte, la mariée passa la porte et se mis à genoux afin d'exécuter le rituel du mariage [2]. En fin de compte, ce n'est pas une question d'amour. Quand on atteint un âge approprié, il faut prendre une femme comme épouse, tout comme il neige en hiver. Que l'on le veuille ou pas, cela reste inévitable. Parfois, son jeune cœur l'avait poussé à devenir curieux, quelle genre d'apparence avait la femme qu'il allait épouser, quelle était sa personnalité ? Cependant, ces pensées n'étaient que passagères, comme les ondulations sur la surface d'un lac. Il se dégourdit les mains, malgré tout, tant que la femme maintiendra les trois obédiences et les quatre vertus alors la position officielle d'épouse [3] sera à jamais la sienne.

 

Et donc, une fois mariés, les feux d'artifice explosèrent dans le ciel et le carrosse du mariage ralentit jusqu'à la porte. La mariée traversa les flammes, s'agenouilla devant le ciel et la terre, bu le vin… Et puis vint la chambre nuptiale.

 

Il ne se souvenait plus de son apparence en robe de mariée. C'est parce que quand ils étaient entrés dans la chambre, il était déjà complètement ivre. Il était seulement capable de soulever maladroitement le voile recouvrant son visage, et eut un aperçu d'une vague beauté. La lueur des bougies était brumeuse et la tenue rouge devenait floue… Il sombra lentement dans un profond sommeil.

 

Lorsqu'il se réveilla et ouvrit ses yeux, il vit une silhouette mince devant la commode avec de longs cheveux noirs qui ruisselaient sur ses épaules. Quelque peu étonné, il se ressaisit ensuite en se souvenant qu'hier ils s'étaient agenouillés et avaient célébré leur mariage. À partir d'aujourd'hui, elle était devenue une femme mariée. Cette personne était quelqu'un qui restera à ses côtés pour le reste de ses jours. Il s'avança silencieusement.

 

De derrière, il ne vit, réfléchi sur la surface du miroir, que les traces d'une paire de lèvres rosâtres, d'un menton assez fin et d'une peau si pâle que sa beauté paraissait extrêmement frêle.

 

N'attendant pas qu'elle le remarque, il sourit vivement et dit : "Vos lèvres sont trop pâles, permettez-moi de mettre un peu de rouge pour les égayer et les rafraîchir, d'accord ?"

 

C'était la première phrase qu'il lui adressait.

 

Elle acquiesça en se retournant tout en souriant. Ses yeux était purs comme l'eau de mer et des sourcils comme des montagnes bleues.

 

Il s'approcha, ouvrit la boîte, en mit sur ses doigts et la passa doucement sur ses lèvres. À son touché, ses lèvres rougissaient progressivement, comme une fleur qui s'épanouissait lentement.

 

Pourtant, cette fleur était à présent devenue sienne.

 

La tendresse apparut et imprégna son cœur, et il dit avec enthousiasme : "À partir de maintenant, tous les jours je peindrai vos lèvres de rouge pour vous."

 

Cette scène qui prit place ce jour-là tomba sous les yeux d'un domestique. Des rumeurs se répandirent à l'extérieur, disant que le jeune marié avait pris exemple sur Zhang Chang [4], et que les jeunes mariés étaient profondément amoureux et que leur attirance était mutuelle.

 

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[1] môn đăng hộ đối - C’est une phrase courante qui évoque l’appariement des couples, qui, j’en suis sûr, trouve ses racines en Chine. Fondamentalement, le statut et la richesse de la famille de la mariée et du marié sont pris en compte, en dépit du couple. Dans les temps anciens, le mariage était décidé par les deux familles.

 

[2] 拜堂 bài táng - un rituel cérémoniel de mariage où les mariés s'agenouillent devant le ciel et la terre, les ancêtres et les parents.

 

[3] La position d'épouse de Di - la position d'épouse «légitime» officielle, considérée comme l'épouse principale du maître de maison. Souvent responsable des affaires domestiques de la maison, y compris les autres concubines. Indépendamment du fait que l'épouse officielle soit favorisée ou pas, cette position suscite le respect et détient une forme d'autorité.

 

[4] 張 敞 Zhāng Chǎng - C'était un érudit et un fonctionnaire de la dynastie Han pendant le règne de l'empereur Xuan de Han qui a pris l'habitude de peindre les sourcils de sa femme. Lorsque l'empereur a abordé ce sujet avec lui, il a répondu que c'était considéré comme une question de la plus haute importance chez les femmes.

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